Le Flow sur les balcons du Mont Blanc

Votre professeur de yoga vous en a parlé. Votre collègue accro aux sports extrêmes ne jure que par ça. Vous l’avez vous même déjà ressenti au cours d’une longue séance de course à pied. L’état de « Flow » est souvent mentionné mais pas si facile d’accès.

Cette sensation si particulière d’être au bon endroit au bon moment, en parfaite harmonie avec ce qui vous entoure (votre environnement ainsi que vos congénères) est un ressenti rare et relativement éphémère.

Notre journée rando/trail sur les balcons du Mont Blanc en fut le parfait exemple.

10h30 : Départ du haut du village de Courmayeur (1320m). Après avoir garé la voiture et s’être tartinés de crème solaire (tempête de ciel bleu oblige), nous débutons notre sortie par un petit bout de route entre les dernières maisons du village, qui débouche rapidement sur une large allée boisée. Après quelques lacets, les choses sérieuses commencent : un chemin se dessine sur notre gauche. Direction el Rifugio Bertone (1977m). Avec C. nous affectionnons les montées, je passe devant (c’est la tradition quand on aborde les pentes dans ce sens) et notre grimpette commence sur un bon rythme. Je découvre ravie, une signalisation TMB (Tour du Mont Blanc pour les initiés). Je ne m’étais pas rendu compte que nous allions emprunter ce tracé mythique. Nous continuons notre ascension et doublons des petits groupes. Finalement, nous arrivons sur un belvédère et le Mont Blanc s’offre une première fois à nous.

11h45 : Après quelques photos de rigueur, nous repartons et doublons le refuge Bertone, situé quelques mètres en amont. Cette fois, nous nous dirigeons vers la Testa Bernarda (2533m). La sentier de forêt a fait place à un single track relativement droit dans la pente. Ca grimpe sec :). Le paysage est grandiose. Plus nous avançons, et plus nous découvrons les balcons du Mont Blanc. Nous arrivons sur un faux plat et croisons des traileurs en sens inverse (ce sont étrangement les seuls que nous croiserons de la journée). Nous essayons de courir à notre tour, mais n’étant pas encore habitués à l’altitude (>2300m), cette première tentative fut assez poussive. Une dernière petite pente ascendante et nous voila arrivés. La neige est à nos pieds, un vrai régal pour les yeux.

12H30 : Première descente de la journée sur un terrain où les cailloux roulent sous les chaussures. C. file comme l’éclair (il va falloir que j’analyse sa technique) et je fais de mon mieux pour avancer le plus rapidement possible sans glisser. Le passage au Col Sapin (2435m) est venteux, et nous ne nous attardons pas. Nous continuons notre descente en courant (le sentier est redevenu beaucoup plus praticable) et trouvons un bien curieux fruit : un magnifique avocat (sans nul doute tombé d’un sac de randonneur) attendait notre passage. Ce petit complément tombe à pic car nous avions seulement apporté du pain aux olives pour le déjeuner. Nous traversons le petit torrent d’Arminaz (environ 2200m) et trouvons un petit coin ,en début de pente ascendante, à l’abri du vent pour casser la croute.

13h30 : Une fois les estomacs remplis, nous continuous l’ascension vers le Col d’Entre-Deux-Sauts (2521m). Le chemin défile sous nos pieds. Le rythme reste bien imprimé. Arrivés au col, une nouvelle vallée s’offre à nous. Nous échangeons un regard et repartons en courant dans la pente. Nous avons à faire au type de terrain que j’affectionne : une pente pas trop raide, quelques pierres qu’il faut éviter et un sentier bien visible qui serpente dans la montagne. Cette descente s’effectuera pratiquement sans interruption (excepté pour quelques prises de vue). Nous visons maintenant el Rifugio Bonatti (2025m).

14h30 : Nous arrivons au refuge de Bonatti avec une idée en tête : déguster une tarte aux myrtilles (il s’agit de mon péché mignon en montagne et C. trouve l’idée plutôt alléchante). Lorsque C. passe commande en mode « coup de poker » (les tartes n’étaient pas inscrites sur la carte), le serveur lui demande si nous la connaissions, nous faisant presque passer pour des habitués du lieu, voire des initiés (avis aux gourmands). Nous prenons le temps de savourer notre dessert et de recharger les gourdes. Nous repartons 45min plus tard après avoir lutté avec l’arrivée d’eau du nouveau camelback de C.

15h15 : Nous naviguons maintenant entre 1900m et 2000m. Une petite descente par ci, un faux plat par là suivi d’une rapide montée, le chemin n’est jamais plat. Nous adaptons donc notre rythme et alternons course souple et marche rapide. Sur notre droite, la chaîne du Mont Blanc défile et se laisse admirer sans l’ombre d’un nuage. A partir de ce moment là, j’ai commencé à ressentir un intense sentiment de « bien-être ». Tout parait simple. L’esprit est calme. Le corps suit le rythme sans se poser de questions. Cet état est appelé par les Anglo-Saxons le « Flow ». Pour ma part, c’est une sensation que je ne ressens qu’après un effort physique prolongé (et ce n’est jamais garanti). Je pense qu’on peut vraiment devenir accro à cette sensation de plénitude. Les kilomètres s’enchainent et nous nous retrouvons à nouveau au refuge Bertone où une petite pause technique s’impose (c’est bien joli de parler de flow mais le corps garde tout de même certains besoins primaires).

16h45 : C’est la descente finale sur une pente relativement raide. C. reprend le lead. C’est son terrain. J’essaie de le garder dans mon champ de vision mais il est trop rapide pour moi. Il me donne quelques conseils pour mieux aborder les pierres sur le sentiers (ne pas chercher à les éviter, au contraire les rechercher et les utiliser). La descente est rapide et fluide. Le petit chemin débouche sur la grande allée et c’est toujours en courant que nous rejoignons notre voiture. Il est 17h15 et la boucle est bouclée.

 

 

 



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